Alliances, l’épisode 2 des Mystères de Kioshe : la couverture et un bonus

A

Je m’achemine doucement vers la fin de l’écriture du deuxième Mystère de Kioshe. Dans cette enquête de fantasy, vous retrouverez la magicienne Tirséa Mortevue, la Première apprentie Ivriane et le gobelin roublard Ziûrn Caz’oreil. Ils devront résoudre une nouvelle énigme mettant en danger toute la ville de Kioshe. Cette aventure explorera aussi un peu plus l’univers et le passé mystérieux des personnages.

Il est donc temps de dévoiler le titre de ce second épisode : Alliances.

Comme pour le premier épisode, c’est l’illustrateur João Henrique De Jesus Gomes qui a réalisé la magnifique couverture de cet épisode. Et puis comme c’est un peu la fête, sous la couverture, vous découvrirez les premières pages du mystère (en espérant que cela vous donne envie de découvrir aussi le premier si ce n’est pas déjà fait).

Couverture d'Alliances
Couverture d’Alliances
Jatsu était accroupie sur un des énormes chasse-roues de la Porte majeure. Au petit matin, elle avait tiré l’Arc des arrivées, sa place préférée. Elle y était montée en quelques gestes souples. Personne n’aurait songé à lui disputer ce perchoir. Une fois en haut, elle s’était emmitouflée dans son manteau et avait assisté au spectacle grandiose du lever du soleil, en buvant un thé durk bouillant. Sa pique de près de cinq mètres de long se balançait lentement dans le vent. Parfois son fer scintillait dans la lumière du matin et on entendait les grelots qui la décoraient. De part et d’autre de la porte d’entrée de Kioshe, les lances de ses camarades formaient une forêt ondulante. La première caravane approchait. Jatsu ne pouvait pas encore la voir, mais elle sentait l’odeur musquée de ses obaks. Elle siffla pour avertir les autres gardes qui se mirent en position. Elle ne s’était pas trompée. À peine un quart d’heure plus tard, les silhouettes massives au pas lent apparurent, semblant émerger de la pierre elle-même. Un jour, un érudit de la Maison des curiosités, venu visiter le nid, lui avait donné le nom savant de ces créatures : Bassiluthérium. Elle se souvenait encore de ce mot étrange que personne n’employait et le faisait rouler sur sa langue. Elle admirait et craignait à la fois ces titans montés sur de longues pattes robustes. Les cous des obaks se tendirent et ils se mirent à mugir à l’unisson. Ils savaient que la fin du voyage était proche. Bientôt le repos. Les obaks étaient lourdement harnachés. Ils avaient porté des tonnes de marchandises depuis la plaine hyrdriane, à trois jours de marche de Kioshe. Jatsu s’attarda sur celui de tête. C’était traditionnellement le plus vieux de la caravane et le seul sans charge. À la place, il portait le petit palanquin du berger. La litière était entièrement close et cachait son énigmatique passager. Jatsu n’en avait jamais vu, mais à chaque affectation aux entrées, elle espérait que ça serait le cas. Les bergers étaient essentiels au commerce. Seuls leurs chants pouvaient garder sous contrôle les obaks mâles, naturellement violents et irascibles. Une seule de ces créatures pouvait faire des ravages immenses et il était pratiquement impossible de les arrêter. Si la situation se présentait un jour, Jatsu et les autres gardes devraient utiliser leurs piques pour contenir les obaks. Un jeu dangereux à l’issue incertaine. Le premier obak passa enfin la porte. Selon la coutume, il s’arrêta. Le cornac juché sur son cou agita les jambes et émit des cliquetis pour qu’il baisse la tête au niveau de Jatsu. Le caravanier, gris de fatigue, lui tendit un rouleau. La soucoupe géante de l’œil de l’obak la regardait placidement. Sa large bouche mâchait lentement son mors dégouttant de bave. Jatsu déroula le manifeste de la caravane et commença à le déchiffrer. Parfois, elle jetait un œil au reste du convoi pour faire correspondre les lignes de l’inventaire à ce qu’elle voyait. Soudain quelque chose changea. La pupille immense se dilata d’un coup et l’obak s’ébroua. Agacé, le caravanier flanqua un coup de genou à sa monture. Mais Jatsu vit tout de suite que ça ne suffirait pas. Elle regarda le palanquin du berger. Que se passait-il ? Le cou de l’obak fit un arc de cercle et il se débarrassa de son cavalier d’un geste sec. Le caravanier hurla avant de s’écraser contre une des piles de la porte. Jatsu recula. Une terreur sourde l’envahit. L’obak se dressa sur ses deux pattes arrière en mugissant et ses frères lui répondirent dans un concert de cris barbares. Jatsu pointa sa pique. L’obak lorgna dessus, la saisit avec sa bouche et l’arracha des mains de la gardienne. Puis, il retomba les pattes en avant. Jatsu n’eut que le temps de sauter avant que le chasse-roue ne se fende en deux sous le coup de masse titanesque.

A propos de l'auteur

Benjamin Lupu

Historien de formation, passionné de sciences humaines, d'archéologie et des littératures de l'imaginaire, Benjamin Lupu est l'auteur des Mystères de Kioshe, a participé au recueil des Contes et récits du Paris des merveilles dirigé par Pierre Pevel et a publié Le Grand Jeu, un roman d'espionnage steampunk se déroulant à Constantinople.

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