Pierre Pevel, le créateur du Paris des merveilles – mais aussi des Lames du Cardinal, de la trilogie de Wielstadt et de la saga du Haut-Royaume – a accepté de répondre à quelques questions à propos de l’anthologie des Contes et récits du Paris des merveilles.
Rappel
l’anthologie Contes et récits du Paris des merveilles paraîtra le 11 septembre prochain (2019). Les éditions Bragelonne et Pierre Pevel ont invité de jeunes auteurs – dont votre serviteur – à s’emparer du cycle steampunk et fantasy d’Ambremer pour y raconter leurs histoires.
En mars 2017, vous lanciez sur Facebook un appel à texte pour une anthologie consacrée à votre cycle du Paris des merveilles. Dans cet appel, vous évoquiez un projet précédent : la suite des Lames du Cardinal écrite sous la forme d’un feuilleton par Philippe Auribeau. Vous êtes donc un récidiviste. Il me semble que dans l’univers du roman, confier son univers à un autre auteur est assez rare – je mets à part les reprises post mortem – alors que le procédé est assez courant dans d’autres arts (BD, comics, séries TV, films pour ne citer que ceux-là). Qu’est-ce qui vous a poussé à tenter cette aventure ?
L’envie de partager cet univers. De voir d’autres que moi se l’approprier. Je me souviens du plaisir que j’ai pris il y a quelques années à écrire une nouvelle mettant en scène Elric dans les Jeunes Royaumes, pour une anthologie chez Fleuve Noir. Je me suis dit que certains pourraient apprécier de tenter l’expérience dans le Paris des Merveilles.
Le projet de l’anthologie est sensiblement différent de la suite des Lames. Vous connaissiez Philippe Auribeau qui avait adapté votre univers pour le jeu de rôle. Lors d’une interview croisée, vous avez déclaré que vous aviez procédé à un test avant de vous lancer. Là, il s’agissait de coordonner plusieurs récits en simultané de jeunes auteurs que vous ne connaîtriez probablement pas. Y avait-il l’intention de « donner sa chance » ?
Un peu, oui. L’expérience me semblait intéressante pour de jeunes auteurs. On n’a pas tous les jours l’occasion de travailler avec une grande maison d’édition comme Bragelonne. Mais c’était aussi l’occasion pour moi de m’essayer au travail de directeur éditorial. Une expérience très enrichissante pour moi.
Vous n’avez pas fixé de limites aux candidats (mis à part la taille du texte final) tant sur le fond que sur la forme. Il était tout aussi possible de reprendre les héros « officiels » que de créer ses propres personnages. Aviez-vous envie d’être surpris ? Vous attendiez-vous à quelque chose en particulier ?
Mon intention était que d’autres s’approprient l’univers du Paris des Merveilles et s’en servent comme un cadre pour exprimer leur imaginaire. Du moment que rien ne venait trahir ni l’esprit ni la cohérence de l’univers, je ne voyais pas comment brimer les auteurs avec lesquels j’ai travaillé. Quand quelque chose dans l’intrigue ou le contexte ne semblait pas coller, je le signalais à l’auteur. C’était à lui, ensuite, de trouver une idée plus conforme. Mais je ne crois pas avoir imposé quoi que ce soit à quiconque.
Vous avez reçu une quarantaine de projets en réponse à votre appel à textes. Vous sachant écrivain « structural » revendiqué, aviez-vous une grille de critères précis pour choisir les finalistes ou avez-vous jaugé de manière plus instinctive au potentiel, avec votre expérience ?
J’ai jugé selon plusieurs critères. L’originalité et la cohérence du projet. Le sérieux de celui ou celle qui me le proposait. Et surtout son talent d’écriture, considérant qu’on peut reprendre un scénario encore et encore, mais qu’on ne peut pas apprendre à écrire à quelqu’un qui n’a aucune disposition pour ça.
Je peux témoigner que nous avons appliqué la « méthode Pevel » que vous avez décrite dans plusieurs interviews. Il s’agit d’un travail en deux temps : scénarisation puis écriture. Il me semble que l’étape scénarisation a été de loin la plus longue. Est-ce là que vous diriez que votre groupe d’auteurs a rencontré le plus de difficultés ?
Pour certains, oui. Mais pas pour d’autres. Cette méthodologie me semblait néanmoins nécessaire.
Maintenant que l’anthologie est finalisée et va sortir le 11 septembre prochain (2019), quel est votre sentiment général sur cette aventure ? Est-ce que c’est quelque chose qui vous a plu en tant qu’auteur ? Seriez-vous prêt à recommencer dans le futur ?
Je suis très satisfait de cette aventure. Elle m’a beaucoup apporté. Mais elle m’a aussi pris beaucoup de temps. Beaucoup plus que je ne le pensais. Malgré ça, j’estime que le jeu en valait la chandelle. Pas impossible que je recommence un jour.
L’anthologie contient deux nouvelles de vous. L’une est une reprise d’une anthologie Trolls & Légendes et l’autre est un inédit. J’entends souvent dire que Le Paris des merveilles est un cycle steampunk. Pourtant il est loin d’adopter les codes du genre. C’est un peu moins vrai avec la nouvelle que vous avez écrite pour l’anthologie. Avez-vous cherché à vous en rapprocher ?
Le monde du Paris des Merveilles évolue. L’apparition du Cercle Cuivre et l’avénement des technomanciens et de leurs machines étaient prévus de longue date.
Vous participez à l’aventure de la collection de BD Drakoo dirigée par Arleston avec un album dessiné par Willem qui se passe justement dans le Paris des merveilles. Pouvez-vous nous en dire un peu sur ces « artilleuses » ?
Les Artilleuses sont un trio de cambrioleuses qui, comme leur surnom l’indique, n’hésitent pas à faire parler la poudre. Il y a Lady Remington, une aristocrate anglaise, Miss Winchester, une américaine, et Mam’zelle Gatling, une française. Ensemble, elles vont se retrouver mêlées à une sombre affaire d’espionnage et de magie impliquant les grandes puissances d’Europe et Ambremer.