La cité des mystères, le 10ème et dernier épisode des Mystères de Kioshe est disponible. Dans ce long épisode (il fait presque le double d’un épisode normal), vous assisterez à la fin des aventures de Tirséa, Ziûrn et Ivriane et au dénouement du destin de la magicienne aveugle.
À la fin de l’épisode 9 (L’oracle et l’étoile), nous avions laissé Tirséa en proie au désespoir après avoir été dépouillée de sa magie par une Ivriane vengeresse et persuadée d’être porteuse de la Peste, alors que les événements sanglants et inexplicables se multiplaient à Kioshe.
De quoi Kioshe est-elle la proie et quel rôle joue Tirséa dans ce drame ? La magicienne et ses compagnons arriveront-ils à démêler ce nouveau mystère qui semble mettre en jeu la survie même de la ville ?
Bien sûr, terminer un projet de cette ampleur fait quelque chose et je ferai un article dédié à l’écriture de cette série, mais pour l’heure, je vous invite à déguster la fin des Mystères de Kioshe et à en découvrir les ultimes secrets.
Bonne lecture !
Comme d’habitude, je vous mets ci-dessous la très belle couverture réalisée par Henrique et le prologue de l’épisode.
Un grand tumulte se propageait à travers le dédale obscur sur lequel s’élevait la plus grande cité du monde. Un groupe de rats affairés sur une charogne se redressèrent brusquement, tous leurs sens en alerte, sondant les ténèbres de leurs moustaches frémissantes. Une foule indistincte, dont émanaient reniflements et grognements, s’avançait vers eux. L’instinct qui avait si souvent sauvé leurs ancêtres l’emporta. Ils se faufilèrent à la queue leu leu dans l’abri d’un interstice. Ils seraient invisibles pour la menace qui s’approchait s’ils savaient rester parfaitement immobiles. De fait, serrés en une marée aveugle, grimpant les uns sur les autres, leurs piquants dorsaux s’entrechoquant avec des bruits de baguettes, les griffus ignorèrent les rongeurs tremblants. La horde de créatures difformes répondait à un appel. Quelque chose s’épanouissait dans les entrailles de Kioshe, réclamant leur présence. Ils n’étaient plus qu’un troupeau animé d’un seul but. La ville les avait comme avalés, puis une lente torture avait métamorphosé leurs corps et gommé leurs esprits. Au bout de leur périple, sans savoir, sans comprendre, ils se déversaient par dizaines dans une vaste salle. Des files de créatures noirâtres encombraient des escaliers creusés dans la roche qui se rejoignaient au fond d’une cuvette en contrebas. Perché sur les surplombs qui les entouraient, un rempart compact de leurs congénères poussait des plaintes lugubres. Les derniers arrivants ne pouvaient plus atteindre le centre de la salle. Ils s’ajoutaient à la masse grouillante qui s’amoncelait en une colline vivante couronnée d’un petit espace circulaire vide. Là, des bras avides creusaient la boue, élevant motte après motte un monticule. Chaque griffu y apportait sa touche, mû par une impulsion connue de lui seul. Un geste après l’autre, le tas informe grandit et s’affina. Quand il eut presque la taille d’un homme, le manège des monstres changea. Leurs mains déformées aux griffes recourbées se firent caressantes. Elles tracèrent des sillons dans la boue, lissèrent et façonnèrent l’argile luisante. Des cris hystériques emplirent la caverne. L’atmosphère devint électrique, sauvage. Sur les escaliers, les griffus levaient les bras pour les abattre sur le sol, secouaient la tête et sautaient sur place sans pouvoir retenir leur excitation. Certains s’élancèrent des promontoires. Au sommet de la colline, des pieds chaussés de sandales étaient apparus. La finesse du modelage offrait un contraste saisissant avec la houle barbare qui l’environnait. Ensuite ce fut bientôt le tour de cuisses enveloppées d’un délicat drapé. L’idole prenait forme.